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COMMENTAIRE ET NOTES 263

le roi saint Louis manifester pour les -r (erres) une antipathie quelque peu superstitieuse ; aussi la confidence qu'en fait Joinville a-t-elle ici sa place indiquée : « 11 disoit (le roi) que maie chose estoit de penre (prendre) de l'autrui, car li rendres estoit sa griez, que, neis au nom- mer, li rendres escorchoit la gorge par les erres qui y sont, les quiex senefient les ratiaux au diable qui touz jours tire ariere vers li ceus qui l'autrui chastel veulent rendre. » (Edit. N. de Wailly, p. 11.) — L'acros- tiche de « Marthe » que Villon nomme à vrai dire, mais si discrète- ment qu'on a été un fort long temps à s'en apercevoir, devait être celle-là (Villon nous le laisse à entendre) qui aurait répondu à son affection et que — comme il arrive en toute passion exclusive — il se garda bien d'écouter. Quant aux vers : Uiig temps viendra, etc. (v. 958 et suiv.), ils sont tout naturellement amenés par la métaphore du début sans qu'il en résulte pour cela, comme on l'a dit, que l'héroïne de la ballade doive s'appeler « Rose » (Rotnania, t. XLII (191 3), p. 506). Aussi, comme pour la rose du roman de ce nom, je ne vois dans la « rose » de Villon qu'une désignation allégorique. — Cette comparaison de la rose avec une femme se rencontre également dans la poésie galante et la poésie religieuse du moyen âge, et les exemples en abondent.

Mon cuer, m'amour, ma dame souvereinne, Arbre de vie, estoile tresmonteinne. Rose de may, de toute douceur pleinne, Gente et jolie Vous estes fleur de toute fleur mondeinne.

(Guillaume de Machault, fr. 22546, fol. 69 vo.) Dans un mystère iné- dit du xve siècle de la Vie de Jbesiis Christ, « Maria » appelle « Jhesus » '( ma rose ».

M'amour, ma joie, mon bon filz, Vous soyés le tresbien venu 1 Jhesus, ma rose et mon lis, Jhesus, la fleur qui tant m'a pieu...

(Fr. n. acq. 426, fol. 38 v.) — Pour terminer cette note déjà trop longue, il reste à faire remarquer que le nom de « Rose » est très rare au moyen âge. On n'en saurait citer que quelques exemples : le pre- mier, dans le Roman de Baudoin de Sebourc :

Ahi ! royne Rose, la plus belle qu'onc fu, J'arai le cors de vous, bras a bras, nu a nu !

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