Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/270

Cette page n’a pas encore été corrigée

258 FRANÇOIS VILLON

Qui pour nous descent Prendre nostre humanité.

(v. 5615-18, p. 72.)

etc., et l'évangile selon saint Jean, III, 13 et suivants. V. 907. — Offrit a mort sa très chiere jeunesse.

A remarquer ici, comme presque toujours, la propriété de l'expres- sion. A l'époque de Villon, la « jeunesse » le « quart eage » allait de vingt-cinq ans à trente-cinq ans (cf. plus haut, la note aux vers 119- 120 du Test.). Or, Jésus-Christ, suivant l'opinion la plus accréditée, mourut à trente-trois ans. C'est ainsi que Jean Dupin, dans son Livre de Mandevie, écrit : « Au départir de ma junesce, en l'eage de xxxij. ans. » Fr. 451, fol. 3^'. — A noter le nom de Villon donné en acrostiche a Yenvoi.

Cette ballade de Villon à la Vierge a été très bien rendue en prose moderne par Léon Gautier : Prières à la Vierge d'après les ritss. du moyen âge, les liturgies, les Pères, etc. (Paris, 1873, in-i6), p. 356-358. — On peut rapprocher de cette ballade de Villon TAve Maria Ruste- heuf, où plusieurs pensées sont les mêmes, p. 196, v. 1-164.

LXXX. — Après cette ballade écrite à l'intention de sa mère, Villon passe, sans transition, à la femme qu'il avait aimée, à sa « chiere rose » (par antiphrase), sa cupide maî- tresse qui n'aime par contre que l'argent et que pour l'argent : le poète déclare ne lui rien laisser.

v. 910. — Item, m amour, ma chiere rose...

Il y a chez Villon, dans cette appellation de « rose » appliquée à sa maîtresse, le même sentiment de dédain et de moquerie que celui qu'on relève dans la Farce de Jolyet, où ce dernier dit à sa femme :

Ay m'amye, Et comment vous est il, ma rose !

(Viollet Le Duc, Ane. Théâtre franc., t. I, p. 51.)

C'est en effet par dépit que Villon qualifie de « chiere rose « sa fausse maîtresse, l'opprobre des femmes comparée à la reine des fleurs qui réunit en elle toutes les perfections. Villon connaissait assurément le Dit de la Rose où se trouve ce passage dont il sentait toute l'ironie en faisant réflexion sur lui-même :

�� �