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COMMENTAIRE ET NOTES 255

Tuetey, Testaments, p. 579. L'église du couvent des Célestins de Paris était donc un moustier. Elle avait été dédiée en 1570 (le 15 septembre) sous le vocable de l'Annonciation de la Sainte Vierge (Lebeuf, édit. Cocheris, t. III, p. 461). Guillebert de Metz l'avait ainsi décrite : « Aux Celestins est paradis et enfer en painture, avec autres pourtraitures de noble euvre en un cuer a part. Item devant le cuer de l'église a ung autel est painte ymage de Nostre Dame, de souveraine maistrise. » (Le Roux de Lincy, Paris et ses biUorievs..., p. 192.) Dans l'ancien fran- çais, «moustier» est presque toujours synonyme d' «église ». Ailleurs, Villon écrit ce vers :En ces moustiers, en ces églises (Test. 1545). Le sens littéral est : « en ces églises de monastères et en celles situées au dehors » (églises cathédrales, diocésaines, paroissiales). Cette distinction entre moustier et église n'était pas toujours observée : « Item, je ordonne que les Celestins de Paris... dient en leur église vigiles de mors a neuf leçons. » Tuetey, Test., p. 374. La définition de Du Cange n'en subsiste pas moins : « Universim, ecclesiae omnes monasteria dictae ; monaste- riuvi, nude, pro ecclesia monasterii » s. v. nionasterium. Il est des cas où « moutier » signifie « monastère », et c'est alors le contexte qui décide :

Je referai d'Orignv le mostier

Raoul de Cambrai (fin du xiie s.). Édit. P. Meyer et A. Longnon (Soc. des anc. Textes fr., 1882), v. 2834; et qui signifie : « Je reconstruirai le monastère d'Origny. » Cf. Chrestomathie du moyen dge de G. Paris et E. Langlois (1897), p. 41 et n. 3. — Autre exemple où le mot moustier est pris dans le sens de « monastère », « abbaye ». Il y a été fait allu- sion par Guettée (Hist. de l'Eglise de France, t. VII, p. 185), mais est encore inédit. Il est emprunté au précieux ms. fr. 23428, Pièces sur le Schisme. Simon de Cramand, patriarche d'Alexandrie, adversaire déclaré du pape Benoît IV, répond en ces termes à Guillaume Fillastre (cf. note aux vers 266-268 du Test.) et à Ameil Dubrcuil (cf. note aux v. 229, 233 du Test.), archevêque de Tours, partisans de Benoît : « Je jure en ma conscience que se je eusse eu vois a la élection, que je l'eusse vou- lentier elleu (Benoît) ; mais vraiement, je ne le feroie mie maintenant, se j'en avoie la puissance. Il faisoit l'agneau Dieu ; il sembloit que ce fust merveille; et ce n'estost que toute faintise. Il y avoit i. moyne en un moustier qui faisoit si le religieux que merveille : il junoit trois fois hi sepmaine; il n'y falist jamais. Avint qu'il fut elleu abbé : il ne juna plus. L'en ly demanda : « Sire, vous souliés juner ; vous en avés tost oublié vostre coustume. »I1 respondi qu'il fasoit lors la vigille delà feste

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