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Dupont), t. II, p. 9 ; etc. De même en anglais : « On the pétition of the king’s servant, Geoffroy Pôle, esquire, serjeant and keeper of the king’s tentsand pavillons...» (3 may 14^^). Calendar of the patent Rolls : Henry VI, vol. VI, p. 499 (Londres, 19 10). — G. Paris a supposé que, sous le couvert de cette expression, Villon, selon son habitude, s’était complu à jouer sur les mots tentes et tantes, les sœurs de sa mère, vieilles filles ou mariées qu’il laisse au respectable chanoine de Saint-Benoît, legs dont celui-ci se serait sans doute bien passé. Mais cette hypothèse est contredite par les vers 317, 318 du même Lais où le poète, parlant de lui, fait cette déclaration :

// n\r tente ne pavillon OuH! n’ait laissié a ses amis.

X. — Villon laisse à sa maîtresse son « cuer enchassié », et prie Dieu de lui pardonner le mal qu’elle lui a fait.

V. 73-80. — Ce huitain reflète une réminiscence chère à de nom- breux poètes du moyen âge qui ont fréquemment exprimé cette idée que « le cœur reste, quand on est éloigné, en possession de la personne qu’on aime ». Cf. la notice de G. Paris sur les récits aussi variés par le nombre que différents par le fond, et dont l’héroïne est désignée sous le nom de «la dame de Faiel». Hist.litt. de la France, t. XXVIII (i 881), p. 580 et suiv. Il y a aussi, chez Villon, une parodie du langage des amoureux de son temps, langage qu’on retrouve chez Chartier et Charles d’Orléans, comme dans le passage suivant de ce dernier :

Et vous laissay, en lieu de moy.
Le gaige qui plus chier j’amoye;
C’estoit mon cueur, que j’ordonnoye
Pour avecques vous demourer.

Charles d’Orléans (édit. Guichard), p. 25. — Quant à Villon, il se compare au malheureux amant de la dame de Faiel, dont la tragique histoire devait être rapportée en ces termes, par le chanoine Molinet, dans le Prologue du Roman de la Rose moralisé : « Ung castelan estoit tant amoureux d’une dame de France, et par faulte de joyssance s’es- longea oultre la mer ou il rendit l’ame. Mais avant sa mort il commanda que, après son decetz, son cueur fut envoyé en France et présenté a sa dame par amours. La dame qui le rechut a grant jo3’e le fist richement enchâsser et garder en ses joyaux. Son mary qui d’aventure le trouva, sachant qu c’estoit le cueur de l’amoureux de sa femme, en fit secrète-