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230 FRANÇOIS VILLON

« Ce Tdcque Tibaut, écrit Froissart, estoit un varlet et un faiseur de chausses que le duc de Berry avoit enamé, on ne savoit pourquoy, car en le dit varlet il n'y avoit ne cens, ne conseil, ne nul bien, et ne ten- doit fors a son grant proufit ; et l'avoit le duc de Berry enrichi en bons jeuiaux, en or et en argent de la valeur de deux cens mille francs, et tout avoient payé les povres gens d'Auvergne et de la Languedoc qui estoient taillés trois ou quatre fois l'an pour accomplir au duc ses folles plaisances.» T. XIII, p. 313 (édit. Kervyn de Lettenhove) ; cf. aussi t. XIV, p. 373 de cette même édition.

v. 738. — Qui tant d'eau froide m'a fait boire.

Au début du Testament, Villon, parlant de Thibault d'Auxigny, disait : Peu m'a d'une petite miche Et de froide eaue tout tin^ esté (v. 13- 14). Mais ici, semble-t-il, il équivoque, car, s'il fait allusion au pain de douleur et à l'eau de tristesse qu'il avait absorbés, il rappelle également la question de l'eau à laquelle il avait été soumis ; et, le ressentiment qu'il montre, en particulier, quelques vers plus loin, pour le tourmen- teur juré, le « petit maistre Robert » qui l'avait sans doute cruellement géhenne, vient confirmer cette hypothèse. L'application de la question variait de ville à ville et de pays à pays. On trouvera une description minutieuse de la torture par l'eau, à Paris, dans Johannes Millaeus : Praxis criniinis persequendi (avec 12 grandes fig. sur bois). Paris, 1541, in-fol. (la planche de la question de l'eau occupe tout le fol. 61). Cf. aussi La Practique ou Enchiridioii des causes criminelles de Josse de Dam- broudère (Louvain, 1555, in-S", avec planches) où l'on relève de nom- breux détails sur ce sujet. L'auteur qui avait souvent assisté à des séances de torture nous apprend qu'avant d'étendre l'accusé, nu sur le tréteau, on s'assurait qu'il « n'avoit sur luy nul remède d'enchanterie de la payne, pour durant la payne et torture pouvoir estre sans sentement » (p. 67). Dans les Arrestsdu Parlement, on remarque un cas d' « enchanterie » qui témoigne de la crédulité des juges. « Pour veoir et conseillier certaine informacion faicte de l'ordonnance de la Court a l'encontre de Thomas le Carpentier, et que ladite Court a esté advertie que ledit le Carpentier beuvoit de son escloy (urine), et que, par ce moyen, la question ne luy nuysoit en riens, fut ordonné que la nuit précèdent dont il fut mis a la question, il auroit les mains lyees » (15 février 1423, v. s.). Fr, 5908, fol. 38 vo. — On lit en marge : Ordonnance contre cetilx qui hoyvent leur urine pour mieiilx endurer la question (« boyvent pissade », Dupuy 250, fol. 147). Cf., à ce propos. E. Le Blant, De rancieunc croyance à des moyens secrets de défier la torture dans les Mém. de VAca-

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