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COMMENTAIRE ET NOTES II

V. 52. — Attire que iiioy est en quelotigtie.

Quelongne, =: quenouille. Les deux mots s'employaient concurrem- ment

Femme soit elle ores Sébile Ne vault qu'a filer sa quelongne .

Martin Le Franc, fr. 12476, fol. 34'!. — « Etre en quelongne » signi- fie, comme le dit Longnon, « être en faveur auprès d'une belle » (ire édit.) ; comme la fusée qui est sur la quenouille. Cf. la miniature qui sert de frontispice à VEiivangille des quenouilles, fr. 2151, fol. i r" ; cf. également dans le Livre des connoilles, Lyon, 1485, (v. st.) la planche donnée en fac-similé par Claudin, /ï/5/. de V Imprimerie, x.. III, p. 313.

V. 53-54. — Dont oncques sorei de Bouhngne Ne fut plus altéré d'iivieur.

Par ces vers Villon exprime, comme l'a remarqué Bijvanck (Essai, p. 72-73) la sensation intense de soif qu'il a éprouvée lorsqu'il s'est vu trahi par celle qu'il aimait ; la gorge se desséchant aussitôt qu'une forte émotion l'étreint. « Jamais hareng saur de Boulogne ne fut plus altéré que moi », dit-il plaisamment ; jouant de même sur le double sens que présente la locution altéré d'umeur. — Humeur, eau, liquide (x.uîj.o;, humeur, en style médical), et — disposition d'esprit : altéré d'umeur =: changé d'humeur. Altérât us, seul, en latin médiéval, signifie hébété, imbécile. Cf. Du Cange s . v. alterare et alteratus. — C'est la leçon de BF qui a été suivie ici. Le huitain manque dans CI ; quant k A \\ donne deux vers refaits qui ont trouvé preneur dans Lacroix : Qui plus hillon et plus or soingne. Plus jeune et mieulx garny d'umeur. Les édi- teurs La Monnoye et Moland ont substitué forest à soret, montrant ainsi qu'ils n'avaient pas goûté le sel de la plaisanterie, laquelle consiste à faire ressentir la soif ardente non pas à ceux qui mangent le hareng, mais bien à ce dernier qui la provoque et l'entretient.

v. 56. — Dieu en vueille ouïr ma clameur!

Réminiscence bibhque : « Verba mea auribus percipe, Domine, intellige clamorem meum.» Psalm. V, 2.— Domine, exaudi orationem meam, et clamer meus ad te veniat. » Psalm. CI, 2. — « Nunquid Deus audiet clamorem ejus, cum venerit super eum angustia? » Job. XXVII, 9.

Que Dieus n'en oïe ja clamour !

Jehan de Journi, La dîme de Pénitence (texte de P. Meyer, dans les Arch. des missions scient, et litt.,t III (1856), p. 300).

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