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194 FRANÇOIS VILLON

OU tout autre chose de volume restraint, s'attachait par une courroie à la ceinture. » Ibid., p. 196, s. v. bourse.

V. 552. — N'envoyé^ plus les hommes paistre,

« N'envoyez plus promener les hommes » comme on dirait aujour- d'hui. — Envoyer paistre semble appartenir à la phraséologie amoureuse du xve siècle, comme il appert dans ce passage de la Belle Dame sans merci :

S'aucun n'est par Amours nommé

Et qu'il n'ait eu temps de saison

Fait le devoir accoustumé,

Il n'est pas digne d'estre amé ;

Ains le doit l'en envoler paistre,

Car ce seroit trop présumé

Que dame l'aymast sans congnoistre.

Romania, t, XXXIII (1904), p. 194, v. 682-688; et t. XLII (1913), p. 504, n. I. — « Paistre » avait aussi le sens d'« aller porter ailleurs ses pas » comme dans ce passage du Procès de Mariette : « Stissac a dit qu'il estoit content de faindre fere pour vous, mais qu'il feroit tant, s'il pouvoit, que iriés petre ailleurs, se pour le prix estiez quicte. » Mathieu d'Escouchy, Chronique (édit. Beaucourt), t. III (Preuves), p. 285.

v. 553-554. — Car qui belle n'est ne perpètre Leur maie grâce, mais leur rie.

« Que celle qui n'est pas belle ne perpètre pas ce crime de provoquer la mauvaise humeur des hommes, mais leur rie. » Aux yeux de la vieille prostituée, c'est en effet, un véritable crime de la part des femmes de sa sorte de s'attirer la mauvaise humeur des hommes ; aussi n'hé- site-t-elle pas à se servir du mot perpétrer qui ne s'emploie guère que pour un délit ou un crime. Telle est sans doute l'idée de Villon qui se substitue toujours aux personnages qu'il met en scène et qui, à son tour emploie ce mot et l'accole à malc grâce par une ellipse hardie, mais parfaitement légitime, puisqu'elle se comprend sans eff'ort. Voici un exemple du verbe « perpétrer » suivi du verbe faire, qu'il renforce, en lui donnant un sens péjoratif. « Perpétrer » signifie bien là « provo- quer », comme dans le vers de Villon. « Apres lesquelles choses, mon- dit seigneur Armignac, sans avoir consideracion a la grâce que le Roy luy avoit faicte, incontinent commença a surprendre sur ses droiz royaulx et sur sa souveraineté, en faisant et perpétrant faire soubz lui

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