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l66 FRANÇOIS VILLON

Iv maicffe:(, le diable. Sur l'étymologie de niaufé, cf. Rotiiania, t. V (1876), p. 367.

De mal talent tout eschaiiffé. — Ce vers se lit textuellement dans Gau- tier de Coincy :

De mautalent tout eschaufè A tant s'en partent li maufé.

Les Miracles de la Sainte Vienne (édit. Poquet, Paris, 1854, in-4o), col. 624, vers 329-330. (Du vilain qui a sa grant peine savoit h moi- tié de son Ave Maria.)

mal taletit, « mauvais vouloir, haine », doit être écrit en deux mots, comme il l'était à l'origine. On l'écrivit ensuite en un seul mot. Mal- talent, mautalent se rencontrent concurremment dans Froissart.

V. 390. — Aussi bien meurt que fil^, servans...

Telle est la leçon de C qui est certainement la bonne. La ballade manque dans A ; Aussi bien sert que ci\ servans F ; Aussi bien meurt fil^ que servans IR. Villon veut dire : le pape meurt aussi bien que les grands de la terre et que leurs serviteurs. Il ne faut pas oublier que la ballade est conçue en style archaïque. Or, l'on sait que les papes, au moins cer- tains d'entre eux, dans leurs lettres aux rois, princes et grands person- nages, ont l'habitude de les qualifier de Fils. Au n\o\. fils = maître, est opposé le mot servant = serviteur : le deuxième huitain est consacré à énumérer ces grands de la terre, ces maîtres ; et le troisième huitain les personnages de moindre importance jusqu'à leurs serviteurs. Après avoir posé sa proposition dans le premier huitain (fil^, servans), Villon développe ce qu'il entend par//;^ dans le second huitain, et par servans dans le troisième. A l'envoi, il résume la proposition énoncée dans le huitain i et développée dans les huitains 11 et m. Voici, à l'appui de cette opinion, le passage d'une lettre d'Innocent III, cité par Du Cange au mot Filios : « Scribit papa apostolicae sedis consuetudinem in suis litteris hanc tenere ut Patriarchas, Archiepiscopos, Episcopos fratres ; ceteros autem Reges, Principes vel cujuscumque ordinis Filios, in nos- tris litteris appellemus. »

La leçon que cil\ servans F, suivie dans la 3e édition de Longnon, pourrait se soutenir s'il s'agissait d'une proposition isolée, comme dans ce distique d'Hildebert de Lavardin :

Mors doniinuin servo, mors sceptra ligonibus aequat, Dissiiuiles simili condilioie trahens.

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