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104 FRANÇOIS VILLON

On ne se doit désespérer Dieux est plain de miséricorde , Qui se repent, a luy s'acorde. Jehan Lefèvre, Le Dit de la Mort, fr. 24399. f^"- 123, etc.

XIV. — Villon continue le développement de cette dernière idée (celle du huitain xiii), et compte sur la grâce de Dieu pour obtenir le pardon de ses fautes qu'il déteste. Il se sent d'ailleurs soutenu dans son espérance par l'autorité de la Bible qu'il allègue.

V. 105-112. — Je comprends ainsi ce huitain : « Je suis pécheur, je le sais bien (105); Pourtant Dieu ne veut pas ma mort (106), Mais que je me convertisse et que je vive en honnête homme (107), Moi, et tout autre que le péché mord (108). Quoique je sois mort en péché (109), De Dieu qui vit, que la miséricorde (no), Si je me repens dans ma conscience (m), Me pardonne par un effet de sa grâce (112). »

V. 106-107. — Pourtant ne vcult pas Dieu ma mort, Mais convertisse et vive en bien.

A remarquer le sujet Dieu postposé au verbe ; souvenir de l'ancienne langue où, jusqu'au xiv^ siècle, il en était ainsi lorsque là proposition commençait par un adverbe, un prédicat ou un régime. Cf. Bonnard- Salmon, Grammaire sounnaire de V ancien fra}içais (Paris, 1904), p. 63. — Rustebeuf avait déjà interprété la parole d'Ezéchiel :

Mes Diex

Ne vuet pas que pechierres muire Ains convertisse a sa droiture.

(P. 226, v. 160-63.)

Jean de Meun, dans son Testament, s'exprime en termes à peu prés semblables :

Diex qui ne vuelt que muire peschierres, tant mefface. Mais qu'il se convertisse et qu'il vive, et bien face.

(T. IV, p. 112, v. 2093-94.)

Cette pensée se retrouve dans des considérants d'arrêts de justice, comme dans la sentence prononcée par le chancelier de France contre Jacques Cœur : « Combien que de Jaques Cueur, pour les crimes par luy commis et perpétrez eust confisqué corps et biens le roy, qui tous-

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