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102 FRANÇOIS VILLON

— une bonne ville. C'était la ville de Moulins, résidence de Jean II, duc de Bourbon. (Cf. la Notice biographique.^

V. 102. — Et pourveiit du don d'espérance,

Villon joue sur le mot espérance qui, en dehors de sa signification propre, était la devise des Bourbons. Ainsi avait fait Charles d'Orléans dans un rondeau (ccXLix) au duc de Bourbon, Jean le^ (édit. Champol- lion-Figeac, p. 380). — Cf. fr. 246 (Histoire universelle). Sur le pre- mier feuillet de garde est peint l'écu des ducs de Bourbon, surmonté de la couronne ducale et, au-dessous, la devise : Espérance Bourbon. La devise Espérance figure également sur le frontispice d'un ms. d'Alain Chartier (fr. 24440, ancien 394 du fds Saint-Victor). Cf. L. Delisle, Le Cabinet des Mss. de la Bibl. nationale, t. I, p. 171, note 4. — Espérance avait aussi été la devise d'Isabeau de Bavière. Cf. Douët d'Arcq, Comptes de T argenterie des rois de France (Paris, 1871), p. 187; 192; 193, etc. — On sait que la devise Espérance fut celle de l'Ordre de VEcu d'or institué par Louis II, duc de Bourbon, en 1367. L'« espé- rance i> de Villon ne fut pas trompée, puisque le duc lui prêta six écus. Poésies div., VIII, Requeste a Mgr de Bourbon, v. 13.

Celé citez, ce dist li vers, Est fermée de .iiii. portes... La première a non Remembrance Et l'autre a non Bone Espérance Qu'on doit avoir ou Sauveor

Il s'agit, dans ce passage de Rustebeuf (édit. Kressner, p. 163, v. 884 et suiv.), des portes allégoriques du paradis ; et il peut y avoir eu chez Villon une réminiscence lointaine des vers du trouvère du Xlii= siècle. — Également dans Le Livre du roy Modus (ouvrage allé- gorique) au chapitre « Comment le Roy des vices manda son con- seil » il est question « d'un certain lieu près de la cité d'Espérance. » Fr. 615, fol. 129'^; de même aux deux chapitres suivants.

V. 103-104. — Combien que le pécheur soit vile Riens ne hayt que persévérance.

Les deux vers de Villon résument la doctrine de l'Église, à savoir que tout péché, si grave soit-il, est effacé par la contrition et la pénitence. Villon se considérait bien plus comme un malheureux que comme un criminel et c'est ainsi, très vraisemblablement, qu'on devait le juger au xve siècle, avec les idées qui régnaient alors. Cf., à ce propos, G. Paris,

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