Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

100 FRANÇOIS VILLON

Or est vray que , locution courante. C'est ainsi que débute la

« Proposicion faicte par J. Jouvenel des Ursins, archevesque et duc de Reims, devant le roy Loys avant son sacre » (15 août 1461) : « Or est vray que après ce que les habitans de la bonne ville de Reims... » Fr. 2701, fol. 121'^. Cf. également Du Cange s. v. Hora mincnpata de riotte; la Chronique de Jean Le Fh're(Soc. del'Hist. de France), t. II, p. 179 ; fr. 24383, fol. 95, etc.

— après plaini et pleurs. Cf., sur les substantifs groupés en vue de l'allitération, une intéressante note de Paul Meyer : De V allitération en roman de France, dans Remania, t. XI (1882), p. 572 et suiv. ; et pour le passage dont il est ici question, p. 578.

— Et angoisseux gemissemens. « Et qui pour ce oy ses plains, ses pleurs et gemissemens. n Jehan de Saintii',{i-. 1506, fol. 185 v°.

V. 93. — Travail... cest-à-dirQ ]â Souffrance. Ailleurs Villon avait écrit :

François Villon que Travail a dompté A coups orbes , par force de hature.

Poésies div., VIII, Requesle a Mgr de Bourbon, 3-4. — Commynes, en parlant de Louis XI, a employé le mot travail dans le même sens que lui prête Villon : « Mais a mon advis que le travail qu'il eut en sa jeunesse quant il fut fugitif de son père et fouyt soubz le duc Philippes de Bourgongne, ou il fut six ans, luy vallut beaucoup, car il fut con- trainct de complaire a ceulx dont il avoit besoing, et ce bien luy apprint adversité, qui n'est pas petit. » Mémoires (édit. Dupont). — A rappro- cher le chevalier Malheur dans Sagesse de Verlaine, i^e pièce ; et la Pré- face de la ire édition (juillet 1880). — Déjà Jean de Meun avait per- sonnifié la Souffrance dans ce vers du Roman de la Rose :

Travail et dolor la herbergent.

(t. II, p. 27, V. 4538, édit. Méon ; car, dans l'édit. Langlois, la leçon adoptée est : Travaux et Dou- leur la herbergent, t. II, v. 4523.)

V. 94. — Esguiseï comme une pelote.

Villon a dû emprunter au jargon, où c'était généralement l'habitude de nommer une chose par son contraire, ce procédé qu'on retrouve si souvent dans ses vers. — esguisé a ici, par antiphrase, le sens d'émoussé. Cf. Schwob, Réd. et notes, p. 71. — Au xvii' siècle, Oudin, dans ses Curiosités françoises, relève l'expression : « Il a l'esprit aiguisé comme

�� �