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COMMENTAIRE ET NOTES 93

le roi ne donna pas suite à son projet « et ne tint point à lui, car il est ^ssez et trop vaillant.» (Leçon du fr. 5062, fol. 20) ; le l'r. 2889, fol. 21, donne il estait, variante relevée par Bernard de Mandrot dans son édi- tion, t. I, p. 69 et n. 3.

V. 62. — Tant qu'il a de loiti^r et de Je.

Locution courante : « Si avoit une pierre qui bien avoit quinze pies de lonc et autant de lé. » Robert de Clari. Cf. Hopf, Chroniques grèco-ronianes (Berlin, 1872), p. 68, § LXXXVL

Chacun son fardeau portera Sur son col de long et de lez.

P. Chastellain, Le Contre passetemps (Bibl. de l'Arsenal, ms. 3523, fol. 131).

Dans le compte de réparation du pavage de la voirie parisienne, la superficie des pierres fournies est toujours exprimée en toises et en pieds, tant de long que de lé. Cf. le compte de sire Denis Hesselin (hoir de Villon, Test., 1014-15), receveur de la ville de Paris, pour l'exercice 1488-1489 : fr. 11686, fol. 128 v et suiv.

v. 64. — Vivre autant que Mathusalè.

Mathusalé, forme encore aujourd'hui populaire, n'est nullement mis ici pour la rime, comme on l'a dit (Chevaldin, Les Jargons de la farce de Pathelin (1903, in-8°), p. 311). La forme Mathusalé se rencontre communément dans les textes du moyen âge, prose et vers, et jusqu'au xviiie siècle. « Matusalé et Matusaleni se disent tous deux, mais Matusa- leni est le plus en usage », remarque Richelet, Dict. de la Touche (1710), cité parThurot : De la prononciation française depuis le commencement du XV 1^ siècle d'après les témoignages des grammairiens (Paris, 1881-82), t. II, p. 476. La variante Mathieu Salé, donnée par C, se rencontre éga- lement : « Mathieu Salle vesquit neuf cens ans aincoys qu'il sceust oncques que mal fust. » Fr. 369 (copie du ms. de Vienne), fol. 55 b. (Roman d'haïe le Triste). — Sur la forme Mathussalé, la plus fréquente aux xive et xv^ s., cf. les exemples dans la Romania, t. XXIX (1900), p. 420-423 et notes. — Il est à remarquer que, de même qu'au hui- tain VI Villon souhaite à Thibault d'Auxigny qui lui a fait du mal, de mourir bientôt ; dans le huitain viii, il souhaite à Louis XI qui lui a fait du bien, de vivre longtemps. Cette même netteté, dans l'opposi- tion des sentiments exprimés, se retrouvera plus loin, au huitain xi (l'ivre, mourir).

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