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se chanter par bonds et par sauts, et non pas de couler par degrés conjoints, d’autant que les degrés n’ont été inventés que pour adoucir la rudesse et la difficulté qui se rencontreroient dans l’inégalité des termes d’un accord si on les chantoit l’un après l’autre, l’aigu dominant et conséquemment se faisant entendre bien plus fortement que le grave ; car cette rudesse est moins sensible dans la basse que dans les autres parties, à cause qu’elle est plus grave, et que pour cela elle n’a pas besoin de tant d’effort et de contention que les autres pour se faire entendre. J’ajoute enfin que les autres parties regardant celle-ci comme la principale, elle doit aussi frapper l’oreille davantage pour en être ouïe plus distinctement ; ce qui se fait lorsque dans les moindres accords on la conduit par sauts, c’est-à-dire passant immédiatement d’un terme à l’autre plutôt que par degrés.

La seconde est la taille, qui est la plus approchante de la basse ; elle est aussi la principale en son genre, car elle contient le sujet et elle est le soutien de toute l’harmonie, étant comme le nerf répandu dans tout le corps de la symphonie qui entretient et lie tous les membres ; c’est pourquoi elle se conduit ordinairement par degrés, afin que ses parties en soient plus unies, et que ses notes, ou pour mieux dire les sons qu’elles représentent,