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POST-SCRIPTUM
À LA QUATRIÈME LETTRE AU SYSTÈME, SUR LA
RÉFORME ÉLECTORALE.


Ce que je vais dire, Système, ne vous regarde plus ; allez vous mirer dans votre carte d’électeur où vous vous voyez gros comme une maison, et laissez-nous causer. Ce n’est plus nos adversaires que j’attaque ; c’est à nos amis que je réponds. Or ça, mes amis, discutons, sans nous inquiéter de ceux qui nous écoutent ; avec vous je suis libre ; j’écris sans cérémonie ; je n’ai pas besoin d’attifer ma phrase d’une façon coquette ; je vais, je cours, je sautille comme un écolier en récréation ; je reviens sur mes pas pour cueillir une petite fleur oubliée, et je laisse de côté une grosse betterave pleine de sucre, mais trop lourde pour avoir place en mon sac. J’exprime mes opinions dans toute leur franchise, peut-être dans toute leur incongruité ; mais je sais que vous ne vous en scandaliserez pas ; nous sommes d’accord sur le principe de la souveraineté du peuple, tâchons s’il se peut de nous mettre d’accord sur l’application.

Vous incriminez mes mendiants ; cependant je vous avais fait une belle concession en les astreignant à se faire raser et à mettre une chemise blanche. Cet acte de faiblesse m’a compromis envers certains des nôtres, aux yeux desquels j’ai comme un faux air d’aristocratie. En effet, toute la question était celle-ci : « Les mendiants sont-ils des hommes, ou sont-ils des animaux ? sont-ils moins encore que des animaux ? est-ce de la boue ? est-ce un excrément du créateur ? Si c’est de la boue, il faut en nettoyer nos rues, et c’est à la vérité ce qu’on fait ; si ce sont des animaux, il