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72 ŒUVRES

Ces Casuistes ne causent ils pas de mesme un pareil scandale sur le sujet des Ordres sacrez qui sont encore l'objet et de la vénération des fidelles, et du mépris des hérétiques, lors que pour justifier qu'on n'est pas obligé de quitter les occasions prochaines de pécher, ils osent dire pag. 49- Q^e les Ordres sacrez sont une occasion de pécher et que puis que l'Eglise y engage ainsi les Prestres ; c'est une preuve qu'on n'est pas obligé de renoncer à une profession ou l'on court risque d'offenser souvent Dieu et de se perdre ? Que ne diroit-on point contre des héréti- ques qui parleroient de cette sorte ? Et que peut-on pen- ser de voir des Prestres escrire en ces termes sur le sujet d'un Sacrement, par lequel les hommes sont élevez à la plus haute dignité où ils puissent arriver en cette vie, et qui les unit à Jésus Christ pour estre participans de ^sa puissance sacerdotale, et pour n'estre pas seulement les plus chastes des hommes : mais encore le soutien de la chasteté du reste des hommes, et un exemple de pureté pour toutes sortes de conditions, et pour les Religieux mesmes ?

Car s'ils parlent des Prestres bien appeliez, c'est une fausseté horrible et une injure insupportable au Sacre- ment de l'Ordre, de dire que l'obligation au célibat leur soit une occasion prochaine de pécher : au lieu que ce Sacrement mesme leur communique une grâce toute par- ticulière pour vivre dans une pureté digne d'un estât si sublime. Et s'ils parlent des Prestres mal appeliez, et qui s'ingèrent dans ce ministère sans avoir consulté Dieu et éprouvé leurs forces, c'est encore une aussi grande faus- seté de dire que l'Eglise les y engage, ou qu'elle approuve en aucune sorte que ceux qui se sentiroient dans cette

i. P. [la].

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