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SIXIÈME ÉCRIT DES CURÉS DE PARIS 53

doctrine, dit ce Jésuite, a esté censurée bien rude- ment, et on a mesme défendu de la publier. Ainsi fay esté prié de m'addresser aux sçavans et aux illustres de ma connoissance. J'escris donc à plusieurs Docteurs, afin que s'il s'en trouve beaucoup qui approuvent ce sentiment, ce juge severe qui n'a pu estre éclairé par la solidité des raisons, le soit par la multitude des Docteurs. Mais je me suis voulu d'abord approcher de la lumière du grand Caramuel, espérant que si ce Jlambeau des esprits approuve cette doctrine, ses ad- versaires seront couverts de conjusion, rubore suflun- dendos, d'avoir osé condamner une opinion dont le grand Caramuel aura embrassé la protection.

On voit en cela l'esprit de ces Pères, et les bas- sesses où ils se portent, pour trouver les moyens de résister aux condamnations les plus justes et les plus autentiques. Mais cette première résistance leur fut inutile. On ne s'arresta point à la multitude de ces Docteurs qui les secoururent en foule ; et encore que Caramuel eust décidé nettement en ces termes : La doctrine du P. L'Amy est seule véritable, et le con- traire n'est pas seulement probable, c'est l'advis de tout ce que nous sommes de doctes ; malgré tout cela le livre du P. F Amy demeura condamné; et l'ordre fut si exactement donné par le Conseil de Braban d'en oster cet article, que ces Pères n'eurent plus de moyen de s'en défendre. Ne pouvant donc plus s'en sauver par une désobéissance ouverte, ils pensèrent à l'éluder par une obéissance feinte, en ne faisant autre chose que retrancher la fin de cette proposi-

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