Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée

328 OEUVRES

entrez dans cette place rebelle que les vices ont oc- cupée : ils la tiennent sujette ; entrez-y comme dans la maison du fort* ; mais liez auparavant le fort et puissant ennemy qui la maistrise, et prenez en- suitte les trésors qui y sont. Seigneur, prenez mes affections que le monde avoit volées : volez vous- mesme ce trésor, ou plutost reprenez le, puisque c'est à vous à qui il appartient, comme un tribut que je vous dois, puisque vostre image y est em- preinte ^ Vous l'y aviez formée, Seigneur, au mo- ment de ^ma naissance, mais elle est toute effacée: l'idée du monde y est tellement gravée, que la vostre n'est plus connoissable : Vous seul avez pu créer mon ame, vous seul pouvez la créer de nouveau : Vous seul y avez pu former vostre image, vous seul pou- vez la reformer, et y reimprimer vostre portrait effacé, c'est à dire Jesus-Christ mon Sauveur qui est vostre image, et le caractère de vostre substance.

��O mon Dieu, qu'un cœur est heureux qui peut aimer un objet si charmant qui ne le deshonore point,

��1. Marc. III, 27 : Nemo potest vasa fortis ingressus in domum diri- pere, nisi prius fortem alliget, et tune domum ejus diripiet.

2. Marc. XII, i/i-17 : Venientes dicunt ei Licet dari tributum

Cœsari, an non dabimus ? Qui sciens versutiam illorum, ait illis : Quid me tentatis ? afferte mihi denarium ut videam. At illi attulerunt ei Et ait illis : Cujas est imago hsec, et inscriptio? Dicunt ei : Cœsaris. Respon- dens autem Jésus, dixit illis: Reddite igitur quœ sunt Cœsaris, Cœsari, et qux sunt Dei, Deo.

3. A. [mon baptestne qui estj ma [seconde].

�� �