Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE DE MERE A PASCAL 217

tions. Vous m'alléguez qu'on ne se peut figurer un corps si petit qu'on ne lui donne une circonférence, un costé droit, un costé gauche, un dans le haut, l'autre dans le bas, et qu'ainsi on le voit toujours divisible? Que voulez- vous conclure par là? Mais que dites-vous du Globe, quand il tourne sur son centre qui demeure immobile? Est-ce quelque chose que ce centre, ou rien du tout ? Si ce n'est rien vos démonstrations se fondent sur une Chi- mère, et vous n'y devez pas avoir beaucoup de foy. Que si c'est je ne scay quoy à sa mode, je n'ay pas plus de peine à me représenter ce je ne scay-quoy rempli que vuide; et néanmoins il faut queje me le figure indivisible, si je veux qu'il soit fixe et sans mouvement quand le Cercle tourne sur son point de milieu. Je croy que l'er- reur où vous estes vient principalement de ce que les Géomètres n'ont pas pris garde qu'une chose peut bien estre matérielle, sans estre un corps ; Car on entend sous ce mot de corps une matière composée de plusieurs par- ties, de sorte que la conséquence est bonne que ces parties se peuvent diviser les unes des autres, mais ce n'est pas à dire que chaque partie considérée en elle-même soit divisible? Et de fait cette portion de matière qui n'oc- cupe que le centre du Globe si elle avoit des costez ne seroit pas immobile, quand le Globe tourne. Que si vous répondez qu'il n'y a que l'espace qui demeure fixe, et sans mouvement au milieu du Globe ou de la Sphère, vous ne songez pas que vos premiers Maîtres qui croioient vous apprendre quelque chose en vous disant cela ne vous auroient pourtant rien dit, puisque de sa nature l'espace du lieu se trouve inébranlable, et qu'il demeure éternellement dans le même estât, comme l'espace du temps ne s'arreste jamais.

Vous sçavez que j'ay découvert dans les Mathématiques

�� �