Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION XXI

le ramène aux mathématiques, que sans doute il n’avait jamais complètement perdues de vue, si l’on en juge par les conservations qu’il a pu avoir à Vaumurier avec Arnauld et avec l’abbé Brunetti, par la correspondance assez régulière qu’il échange avec Sluse, chanoine de Liège 1 . Il se trouve amené à développer certaines idées relatives à la roulette qui lui étaient apparues au cours d’une névralgie ; de juin 1658 jusqu’en mars 1659, il poursuit sans relâche, avec cette rapidité et cette vivacité qui sont les caractères de son esprit, une double œuvre de découverte et de polémique.

A cette même période où Pascal publiait coup sur coup les écrits contre les Casuistes et les traités mathématiques, il y a lieu de rattacher encore la rédaction d’ Eléments de Géométrie auxquels étaient sans doute destinées les Réflexions fragmentaires et l’ Introduction qui nous ont été conservées — et d’autre part l’ébauche de l’ Apologie à laquelle on nous dit qu’il a travaillé à peu près un an avant le moment où tout effort continu lui deviendra impossible 2 .

Cette prodigieuse activité tombe brusquement dans les

______________________________________________________________

1. Il y aurait lieu de se demander si Pascal avait tout à fait rompu avec le cercle des mathématiciens. Baillet nous dit bien, d’après une relation de Perier, qu’il s’était détaché de Roberval, après avoir reconnu, dès l’année 1649 «combien il étoit médiocre métaphysicien sur la nature des choses spirituelles, et combien il étoit important qu’il se tût toute sa vie sur les opinions des libertins et des déistes » (Vie de Descartes, 1691, 2e part., p. 381, citée par Cousin, Fragments de philosophie cartésienne, 1852, p. 240; vide supra, T. II, p. 45, n. I). Mais en fait, dès que Pascal retourne aux mathématiques, on voit immédiatement Roberval, — dont il avait ignoré jusque-là les travaux relatifs à la cycloïde — Carcavi, Auzoult, reprendre dans la vie de Pascal la place qu’ils occupaient dix ans auparavant.

2. Cf. supra T. I, p. 80 et p. 134 ; Pensées, T. I, p. CCXLVI, cf. p. CLXXXIX.