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N’écoute pas le cri lointain qui te réclame,
Les conseils exhalés dans la senteur des nuits.
Tu sais que nul baiser libérateur, mon âme,
Ne rompt l’enchantement de tes subtils ennuis.

Laisse les vendangeurs en leurs mauvaises vignes,
Tu ne t’enivres pas des vins de leur pressoir :
Contemple les lueurs candides des grands cygnes
Glissant royalement sur les lacs bleus de soir.

Et dans le jardin pur de floraisons charnelles
Regarde croître l’ombre avec sérénité,
Tandis qu’au ciel, des mains blanches et fraternelles
Font dans le crépuscule un geste de clarté.