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Nouvellement éclos de la veine fertile,
Ces vers où tu prédis que cette heureuse ville
Verra son nom fameux occuper l’univers.
Si quelque jour on écrit son histoire,
On y consignera que Gresset voulut bien
Se dire notre ami, notre concitoyen
Et cent autres cités envieront notre gloire.[1]


Quarante-cinq ans après ce fameux voyage qui avait été un événement dans la calme cité, le jeune avocat au Conseil d’Artois, « s’exerçant à des compositions littéraires dans les intervalles de loisir que lui laissaient les travaux de sa profession, » rêvait de remporter la couronne académique en écrivant le panégyrique du poète qui un moment avait été son concitoyen.

Mais les juges d’Amiens furent sévères et la couronne lui. échappa. Que son amour-propre ait été déçu, rien ne nous, autorise à le supposer : tout au plus pourrait-on dire qu’il mit une certaine hâle à publier un manuscrit qui n’avait pas été jugé digne du prix, comme s’il eût voulu répondre à un jugement défavorable, en laissant de suite le public apprécier. En ceci d’ailleurs, il n’agit pas autrement que ses concurrents dont deux au moins, l’avocat au Parlement Giroust[2] et Sylvain Bailly[3] imprimèrent, le résultat du concours sitôt connu, les manuscrits qui avaient concouru pour le prix proposé, et dont les brochures furent, comme celle de Robespierre, vendues à titre de nouveautés à Amiens[4] chez le libraire Caron l’aîné, avec les Étrennes de Polymnie, lyriques et anacréontiques.

Quels que soient les motifs qui déterminèrent le jury académique à ne décerner aucun prix, il faut reconnaître que

  1. Affiches de Picardie, op. cit.
  2. Éloge de Gresset qui a concouru pour le prix proposé par l’Académie d’Amiens. Paris, Bailly, 1786, XII-42 p. in-8o.
  3. Éloge de Gresset. Genève, Barde. Manget et Cie, MDCCLXXXV, 32 p. in-8o.
  4. Affiches de Picardie. Du samedi 29 juillet 1786, p. 120.