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INTRODUCTION

améliorations philanthropiques dans la législation qui disposait de la vie et de l’honneur des hommes ; et cherchait à rendre inutiles les supplices que les tyrans ne songeaient qu’à multiplier. Le second, légiste connu également par un Discours sur la justice criminelle (1780), qui avait fait « sensation », considérait qu’il était du devoir du gouvernement de punir les crimes qu’il n’avait pu arrêter, en ménageant l’honneur et la liberté des citoyens.

La nature même des sujets proposés par la Société de Metz annonçait le désir très net qu’elle avait d’éclaircir certains problèmes de législation ou de morale[1] ; elle tenait, au nom de l’humanité, à soumettre à la discussion tous les préjugés[2]. En cela elle ne faisait que développer les idées de Beccaria dont le traité fameux avait paru en 1766[3], et soulevé une tempête de critiques acerbes et souvent absurdes. Les esprits faibles que les nouveautés effrayaient, émules du contradicteur le Père Fachinei, avaient vu d’un très mauvais œil l’apparition d’un livre qui respirait l’humanité et la raison, et où les vérités les plus utiles « étaient exprimées avec une éloquence énergique, noble et tendre ». Beccaria ne s’illusionnait pas sur la force des préjugés qu’il attaquait. Il savait bien que les vérités nouvelles germent lentement et ce furent précisément les Académies qui en achevèrent la maturité. Celle de Metz récolta dans les discours proposés par elle la moisson dont les philosophes avaient jeté les semences[4]. Bacon n’avait-il pas dit qu’on ne peut à la fois

  1. Lacretelle, Sur les sujets philosophiques et politiques proposés par l’Académie de Metz (Œuvres diverses, t. I, p. 353-366).
  2. Elle commença par le préjugé des peines infamantes, proposa en prix la bâtardise, s’occupa des causes de l’avilissement des Juifs.
  3. Traité des délits et des peines traduit de l’italien d’après la 3e édition, revue, corrigée et augmentée par l’auteur, avec des additions de l’auteur qui n’ont pas encore paru en Italien, à Lausanne, 8o, MDCCLXVI. Un exemplaire de cet ouvrage qui porte le fer de l’Académie d’Arras est à la Bibliothèque de la ville d’Arras, no 2638.
  4. Cf. Dr Fritz Rorig, Zwei Skizzen uus dem geistigen Leben von Metz unter dem « Ancien Régime » (Jahrbuch der Gesellschaft für lotbringische Geschichte und Alterlumskunde XX 1908.