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l’abbé Barthélemy allait publier son Jeune Anacharsis il écrivit des Lettres sur l’Italie qui furent à l’époque très goûtées. « D’autres, écrivait-il, rapporteront de Rome, des tableaux, des marbres, des médailles, des productions d’histoire naturelle ; moi j’en rapporterai des sensations, des sentiments et des idées et surtout les idées, les sentiments et les sensations qui naissent au pied des colonnes antiques, sur le haut des arcs de triomphe, dans le fond des tombeaux en ruines, sur les bords mousseux des fontaines »[1].

En 1769, à vingt-six ans, Dupaty nommé avocat général au Parlement de Bordeaux ne tarda pas à prendre parti dans le conflit qui mettait aux prises la royauté et les Parlements ; il fut emprisonné, puis relâché[2] ; mais il ne cessa de considérer son rappel, non comme une grâce, mais comme un acte de justice, ce qui faisait dire à Voltaire écrivant en 1777 à François de Neufchâteau : « Dupaty daigna autrefois honorer ma retraite de sa présence, lorsqu’il était un peu victime de son éloquence et de son courage. C’est un homme de rare mérite ». Le poète Roucher reflétait les sentiments unanimes quand il qualifiait Dupaty

Un homme incorruptible, intrépide, équitable
Qui, sensible aux malheurs par le peuple soufferts
Sut braver jeune encore et l’exil et les fers.


Dupaty avait, en effet, dévoilé sans pitié les erreurs judiciaires, défendu les veuves accusées, protesté contre les arrestations arbitraires. En 1777, c’était la justification de sept hommes condamnés par le Parlement de Metz en 1769 sur les seules dépositions des Juifs plaignants, les quatre

    Dupaty, suivi de notes sur plusieurs points importants de l’ordre. À Naples, 1789, 87 p., 8° ; — Le président Dupaty aux Champs Élysées, 1788, 8°, 31 p.

  1. Lettres sur l’Italie en 1785. À Rome, et se trouve à Paris chez de Senne libraire de Monseigneur comte d’Artois au Palais Royal, 1788, 2 vol., lettre lxiv ; — Lettres sur l’Italie par Dupaty. Paris, Ménard et Desenne, 1819, 2 vol. ; — Idem, Paris, Verdières, quai des Augustins, 1824.
  2. Représentations du Parlement de Bordeaux au roi sur l’enlèvement et l’emprisonnement du sieur Dupaty, l’un des avocats au dit Parlement, s. l. n. d., 28 p.