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car il appartient, semble-t-il, aux âges disparus.

Les médecins me font rire avec leur microbe. Ce n’est pas un insecte qui terrifie les hommes au point de les faire sauter par la fenêtre ; c’est le choléra, l’être inexprimable et terrible venu du fond de l’Orient.

Traversez Toulon, on danse dans les rues.

Pourquoi danser en ces jours de mort ? On tire des feux d’artifices dans la campagne autour de la ville ; on allume des feux de joie ; des orchestres jouent des airs joyeux sur toutes les promenades publiques.

C’est qu’Il est là, c’est qu’on le brave, non pas le Microbe, mais le Choléra, et qu’on veut être crâne devant lui, comme auprès d’un ennemi caché qui vous guette. C’est pour lui qu’on danse, qu’on rit, qu’on crie, qu’on allume ces feux, qu’on joue ces valses, pour lui, l’Esprit qui tue, et qu’on sent partout présent, invisible, menaçant, comme un de ces anciens génies du mal que conjuraient les prêtres barbares…