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barbouillés de craie, et les yeux gonflés, encore pleins de larmes.

Je le pris par les mains et l’entraînai dans sa chambre en murmurant : « Je vous demande pardon, je vous demande bien pardon, monsieur Chantal, de vous avoir fait de la peine… mais… je ne savais pas… vous… vous comprenez… »

Il me serra la main : « Oui… oui… il y a des moments difficiles… »

Puis il se plongea la figure dans sa cuvette. Quand il en sortit, il ne me parut pas encore présentable ; mais j’eus l’idée d’une petite ruse. Comme il s’inquiétait, en se regardant dans la glace, je lui dis : « Il suffira de raconter que vous avez un grain poussière dans l’œil, et vous pourrez pleurer devant tout le monde autant qu’il vous plaira. »

Il descendit en effet, en se frottant les yeux avec son mouchoir. On s’inquiéta ; chacun voulut chercher le grain de poussière qu’on ne trouva point, et on raconta des cas semblables où il était devenu nécessaire d’aller chercher le médecin.

Moi, j’avais rejoint Mlle Perle et je la regardais, tourmenté par une curiosité ardente, une curiosité qui devenait une souffrance.