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ment invincible, toussant de temps à autre.

Une fluxion de poitrine se déclara dans la nuit.

Et cela dura dix jours. Je ne puis exprimer ce que j’ai souffert durant ces interminables heures qui séparent le matin du soir et le soir du matin.

Il mourut.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et depuis… depuis ce moment, je n’ai point passé une heure, non, pas une heure, sans que le souvenir atroce, cuisant, ce souvenir qui ronge, qui semble tordre l’esprit en le déchirant, ne remuât en moi comme une bête mordante enfermée au fond de mon âme.

Oh ! si j’avais pu devenir fou !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

M. Poirel de la Voulte releva ses lunettes d’un mouvement qui lui était familier quand il avait achevé la lecture d’un contrat ; et les trois héritiers du mort se regardèrent, sans dire un mot, pâles, immobiles.

Au bout d’une minute, le notaire reprit :

— Il faut détruire cela.

Les deux autres baissèrent la tête en signe d’assentiment. Il alluma une bougie, sépara soigneusement les pages qui contenaient la dangereuse confession des pages qui contenaient les dispositions d’argent, puis il les