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Ils me saluent. Je me lève. Le plus vieux prend la parole :

— Mosieu, on me avé dit que vô avé pris la clef de la piano. Les dames vôdraient le avoir, pour chanté le cantique.

Je réponds :

— Monsieur l’abbé, je comprends parfaitement la demande de ces dames ; mais je ne puis y faire droit. Vous êtes un homme religieux, moi aussi, monsieur, et mes principes, plus sévères que les vôtres sans doute, me décident à empêcher la profanation à laquelle vous vous livrez.

Je ne puis admettre, messieurs, que vous vous serviez, pour chanter la gloire de Dieu, d’un instrument qui a servi toute la semaine à faire danser des jeunes filles. Nous ne donnons pas des bals publics dans nos églises, nous, monsieur, et nous ne jouons pas des quadrilles avec nos orgues. L’usage que vous faites de ce piano m’indigne et me révolte. Vous pouvez porter ma réponse à ces dames.

Les trois pasteurs, abasourdis, se retirèrent. Les dames parurent stupéfaites. Et on se mit à chanter le cantique sans piano.

9 février, midi. — Le patron vient de me donner congé. On m’expulse, à la demande générale des Anglais.

Je rencontre les trois pasteurs, qui semblent