Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XI.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le froid de cette chair inerte fit pénétrer dans la sienne une épouvante atroce et irraisonnée avant que son esprit eût pu commencer à réfléchir.

Elle avait fait un bond hors du lit, frémissant de la tête aux pieds ; puis, courant à la cheminée, elle saisit la bougie, revint et regarda ! Et elle aperçut un visage affreux qu’elle ne connaissait point, noir, enflé, les yeux clos, avec une grimace horrible de la mâchoire.

Elle poussa un cri, un de ces cris aigus et interminables que jettent les femmes dans leurs affolements, et, laissant tomber sa bougie, elle ouvrit la porte, s’enfuit, nue, par le couloir en continuant à hurler d’une façon épouvantable.

Un commis voyageur en chaussettes, qui occupait la chambre no 4, sortit aussitôt et la reçut dans ses bras.

Il demanda, effaré :

— Qu’est-ce qu’il y a, belle enfant ?

Elle balbutia, éperdue :

— On… on… on… a tué quelqu’un… dans… dans ma chambre… D’autres voyageurs apparaissaient. Le patron lui-même accourut.

Et tout à coup le commandant montra sa haute taille au bout du corridor.