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l’abbé. Attendez encore quelques instants, ça va cesser.

Le bonhomme indécis s’arrêta, puis il reprit :

— C’est que je suis très pressé. J’ai un rendez-vous urgent.

M. Marin semblait désolé.

— Mais vous allez être positivement traversé. Peut-on vous demander dans quel quartier vous allez ?

Le curé paraissait hésiter, puis il prononça :

— Je vais du côté du Palais-Royal.

— Dans ce cas, si vous le permettez, monsieur l’abbé, je vais vous offrir l’abri de mon parapluie. Moi, je vais au Conseil d’État. Je suis conseiller d’État.

Le vieux prêtre leva le nez et regarda son voisin, puis déclara :

— Je vous remercie beaucoup, monsieur, j’accepte avec plaisir.

Alors M. Marin prit son bras et l’entraîna. Il le dirigeait, le surveillait, conseillait :

— Prenez garde à ce ruisseau, monsieur l’abbé. Surtout méfiez-vous des roues des voitures ; elles vous éclaboussent quelquefois des pieds à la tête. Faites attention aux parapluies des gens qui passent. Il n’y a rien de plus dangereux pour les yeux que le bout des baleines. Les femmes surtout sont insuppor-