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L’ORIENT


Voici l’automne ! Je ne puis sentir ce premier frisson d’hiver sans songer à l’ami qui vit là-bas sur la frontière de l’Asie.

La dernière fois que j’entrai chez lui, je compris que je ne le reverrais plus. C’était vers la fin de septembre, voici trois ans. Je le trouvai couché sur son divan, en plein rêve d’opium. Il me tendit la main sans remuer le corps et me dit :

— Reste là, parle, je te répondrai de temps en temps, mais je ne bougerai point, car tu sais qu’une fois la drogue avalée il faut demeurer sur le dos.

Je m’assis et je lui racontai mille choses, des choses de Paris et du boulevard.

Il me dit :