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dente de la demeure lança dans l’air, au milieu d’un nuage de fumée, un grand panache d’étincelles.

La campagne, blanche, éclairée par le feu, luisait comme une nappe d’argent teintée de rouge.

Une cloche, au loin, se mit à sonner.

La vieille Sauvage restait debout, devant son logis détruit, armée de son fusil, celui du fils, de crainte qu’un des hommes n’échappât.

Quand elle vit que c’était fini, elle jeta son arme dans le brasier. Une détonation retentit.

Des gens arrivaient, des paysans, des Prussiens.

On trouva la femme assise sur un tronc d’arbre, tranquille et satisfaite.

Un officier allemand, qui parlait le français comme un fils de France, lui demanda :

— Où sont vos soldats ?

Elle tendit son bras maigre vers l’amas rouge de l’incendie qui s’éteignait, et elle répondit d’une voix forte :

— Là-dedans !

On se pressait autour d’elle. Le Prussien demanda :

— Comment le feu a-t-il pris ?

Elle prononça :

— C’est moi qui l’ai mis.