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la série des plaisanteries inconvenantes au sujet de ses malheurs conjugaux.

Lesable avait ramassé ses papiers ; mais, sentant bien qu’on l’attaquait, il voulait demeurer, retenu par l’orgueil, confus et irrité, et cherchant qui donc avait pu leur livrer son secret. Puis le souvenir de ce qu’il avait dit au chef lui revint, et il comprit aussitôt qu’il lui faudrait montrer tout de suite une grande énergie, s’il ne voulait point servir de plastron au ministère tout entier.

Boissel marchait de long en large en ricanant toujours. Il imita la voix enrouée des crieurs des rues et beugla : « Le secret pour faire des enfants, dix centimes, deux sous ! Demandez le secret pour faire des enfants, révélé par M. Savon, avec beaucoup d’horribles détails ! »

Tout le monde se mit à rire, hormis Lesable et son beau-père. Et Pitolet, se tournant vers le commis d’ordre : « Qu’est-ce que vous avez donc, Cachelin ? je ne reconnais pas votre gaieté habituelle. On dirait que vous ne trouvez pas ça drôle que le père Savon ait eu un enfant de sa femme. Moi, je trouve ça très farce, très farce. Tout le monde n’en peut pas faire autant ! »

Lesable s’était remis à remuer des papiers, faisait semblant de lire et de ne rien entendre ; mais il était devenu blême.