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phie catholique, destinée aux prêtres, aux séminaires, aux écoles, etc. « La République française, feuille qui a paru le lendemain de la Révolution ; écrite avec talent, modération et sagesse, en opposition au socialisme, au Luxembourg et aux circulaires. »

Survint ce qu’on a appelé avec raison la curée des places. Plusieurs de mes amis étaient tout-puissants, entre autres M. de Lamartine, qui m’avait écrit quelques jours avant : « Si jamais l’orage me porte au Pouvoir, vous m’aiderez à faire triompher nos idées. » Il m’était facile d’arriver à de hautes positions ; je n’y ai seulement pas pensé.

Élu par vous, à la presque unanimité, j’entrai à l’Assemblée le 5 mai. Le 15 nous fûmes envahis. Ce jour-là mon rôle s’est borné à rester à mon poste, comme tous mes collègues.

Nommé membre et vice-président du comité des Finances, il fut bientôt manifeste que nous aurions à résister à une opinion alors fort accréditée parce qu’elle est fort séduisante. Sous prétexte de donner satisfaction au peuple, on voulait investir d’une puissance exorbitante le Gouvernement révolutionnaire ; on voulait que l’État suspendît le remboursement des caisses d’Épargne et des Bons du Trésor ; qu’il s’emparât des chemins de fer, des assurances, des transports. Le ministère poussait dans cette voie, qui ne me semble autre chose que la spoliation régularisée par la loi et exécutée par l’impôt. J’ose dire que j’ai contribué à préserver mon pays d’une telle calamité.

Cependant une collision effroyable était menaçante. Le travail vrai des ateliers particuliers était remplacé par le travail mensonger des ateliers nationaux. Le peuple de Paris organisé et armé était le jouet d’utopistes ignorants et d’instigateurs de troubles. L’Assemblée, forcée de détruire une à une, par ses votes, ces illusions trompeuses, prévoyait le choc et n’avait guère, pour y résister, que la force morale