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ils, vous avez raison. Ah ! ils ne comprennent pas sans doute toute la portée d’une telle concession ! Nous avons raison en principe ! Et qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que la restriction est un système faux et oppressif ; — donc il faut le renverser. Cela veut dire que le monopole est une injustice, une spoliation, un déplacement forcé et violent de la richesse, transportée des uns aux autres sans compensation ; — donc il faut rétablir le règne de la justice et de l’intégrité du droit de propriété. Cela veut dire que la protection est une illusion, une déception, qu’elle opprime le travail en prétendant le favoriser ; que ses effets sont directement contraires à ses promesses ; qu’elle retranche au bien-être des masses et porte ainsi atteinte à leur dignité et à leur moralité.

Voilà ce qui est impliqué dans cet aveu : La liberté des échanges est vraie en principe ; car elle serait fausse en théorie comme en pratique, s’il était au pouvoir de la restriction de faire plus de bien que la liberté. Aussi les journaux auxquels je fais allusion ne pourront pas tenir longtemps la position qu’ils ont prise. Les principes ont d’autres exigences, et les abonnés aussi. Ce n’est pas impunément qu’on peut dire longtemps à un principe (c’est-à-dire à la vérité) : « Je te respecte et te salue, mais je te tourne le dos. » Il vient un moment où le lecteur voit une insulte dans ce langage[1].



  1. On vient de voir l’auteur, s’adressant à ses collègues, manifester une ferme espérance. Dans la pièce suivante, no 24, il emprunte, pour s’adresser à un ministre, le fier langage d’Achille. Sa lettre à M. Duchâtel eut des résultats bien divers, sur lesquels les pages 73 et 74 du tome Ier fournissent des renseignements.(Note de l’édit.)