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C’est ce que nous avons fait.

Nous avons vu que si des obstacles sans nombre s’interposaient entre les besoins de l’homme et ses satisfactions, de telle sorte que dans l’isolement il devait succomber, — l’union des forces, la séparation des occupations, en un mot l’échange, développait assez de facultés pour qu’il pût successivement renverser les premiers obstacles, s’attaquer aux seconds, les renverser encore, et ainsi de suite, dans une progression d’autant plus rapide que par la densité de la population l’échange devient plus facile.

Nous avons vu que son intelligence met à sa disposition des moyens d’action de plus en plus nombreux, énergiques et perfectionnés ; qu’à mesure que le Capital s’accroît, sa part absolue dans la production augmente, mais sa part relative diminue, tandis que la part absolue comme la part relative du travail actuel va toujours croissant ; première et puissante cause d’égalité.

Nous avons vu que cet instrument admirable qu’on nomme la terre, ce laboratoire merveilleux où se prépare tout ce qui sert à alimenter, vêtir et abriter les hommes, leur avait été donné gratuitement par le Créateur ; qu’encore qu’il fût nominalement approprié, son action productive ne pouvait l’être, qu’elle restait gratuite à travers toutes les transactions humaines.

Nous avons vu que la Propriété n’avait pas seulement cet effet négatif de ne pas entreprendre sur la Communauté, mais qu’elle travaillait directement et sans cesse à l’élargir ; seconde cause d’égalité, puisque, plus le fonds commun est abondant, plus l’inégalité des propriétés s’efface.

Nous avons vu que sous l’influence de la liberté les services tendent à acquérir leur valeur normale, c’est-à-dire proportionnelle au travail ; troisième cause d’égalité.

Nous nous sommes ainsi assuré qu’un niveau naturel tendait à s’établir parmi les hommes, non en les refoulant