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En tous pays, il y a quelques propriétés communes, des biens dont tous les citoyens jouissent par indivis, des rivières, des forêts, des routes. Par contre, et malheureusement, il y a aussi des dettes. Il appartient au gouvernement d’administrer cette portion active et passive du domaine public.

Enfin, de ces deux attributions en découle une autre :

Celle de percevoir les contributions indispensables à la bonne exécution des services publics.

Ainsi :

Veiller à la sécurité publique ;

Administrer le domaine commun ;

Percevoir les contributions.

Tel est, je crois, le cercle rationnel dans lequel doivent être circonscrites ou ramenées les attributions gouvernementales.

Cette opinion, je le sais, heurte beaucoup d’idées reçues.

« Quoi ! dira-t-on, vous voulez réduire le gouvernement au rôle de juge et de gendarme ? Vous le dépouillez de toute initiative ! Vous lui interdisez de donner une vive impulsion aux lettres, aux arts, au commerce, à la navigation, à l’agriculture, aux idées morales et religieuses ; vous le dépouillez de son plus bel attribut, celui d’ouvrir au peuple la voie du progrès ! »

À ceux qui s’expriment ainsi, j’adresserai quelques questions.

Où Dieu a-t-il placé le mobile des actions humaines et l’aspiration vers le progrès ? Est-ce dans tous les hommes ? ou seulement dans ceux d’entre eux qui ont reçu ou usurpé un mandat de législateur ou un brevet de fonctionnaire ? Est-ce que chacun de nous ne porte pas dans son organisation, dans tout son être, ce moteur infatigable et illimité qu’on appelle le désir ? Est-ce qu’à mesure que les besoins les plus grossiers sont satisfaits, il ne se forme pas en nous