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que ces lois doivent amener l’égalité absolue. — Pas plus que le rapprochement éternel de la droite et de l’asymptote n’en doivent amener la fusion. . . . . . . . . . . .


Ce chapitre, écrit en grande partie dès 1846, ne traduit peut-être pas assez nettement l’opposition de l’auteur aux idées de Malthus.

Bastiat y fait bien ressortir l’action inaperçue et naturellement préventive du mobile individualiste, — le désir progressif du bien-être l’ambition du mieux ; et l’habitude qui fait à chacun du bien-être acquis un véritable besoin, une limite inférieure des moyens d’existence, au-dessous de laquelle personne ne veut voir tomber sa famille. Mais ce n’est là que le côté négatif en quelque sorte de la loi ; il montre seulement que, dans toute société fondée sur la propriété et la famille, la population ne peut être un danger,

Il restait à faire voir que la population est par elle-même une force, à prouver l’accroissement nécessaire de puissance productive qui résulte de la densité de la population. C’est là, comme l’auteur l’a dit lui-même, page 115, l’élément important négligé par Malthus, et qui, là où Malthus avait vu discordance, nous fera voir harmonie.

Des prémisses indiquées au chapitre De l’échange, pages 115 et 116, prémisses qu’il se proposait de développer en traitant de la population, voici la conclusion tout à fait anti-malthusienne que voulait tirer Bastiat. Nous la trouvons dans une des dernières notes qu’il ait écrites, et il recommande d’y insister :

« Au chapitre sur l’échange, on a démontré que, dans l’isolement, les besoins étaient supérieurs aux facultés ; que, dans l’état social, les facultés étaient supérieures aux besoins.

Cet excédant des facultés sur les besoins provient de l’échange qui est — association des efforts, — séparation des occupations.

De là une action et une réaction de causes et d’effets dans un cercle de progrès infini.

La supériorité des facultés sur les besoins, créant à chaque génération un excédant de richesse, lui permet d’élever une génération plus nombreuse. — Une génération plus nombreuse, c’est une meilleure et plus profonde séparation d’occupations, c’est un nouveau degré de supériorité donné aux facultés sur les besoins.

Admirable harmonie !

Ainsi, à une époque donnée, l’ensemble des besoins généraux étant représenté par 100, et celui des facultés par 110, l’excédant 10 se partage, — 5, par exemple, à améliorer le sort des hommes, à provoquer des besoins plus élevés, à développer en eux le sentiment de la dignité, etc., — et 5 à augmenter leur nombre.

À la seconde génération, les besoins sont 110, — savoir : 5 de plus en quantité et 5 de plus en qualité.