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sion géométrique indiquée par Malthus ? Jamais Malthus n’a posé cette inepte prémisse : « Les hommes multiplient, en fait, suivant une progression géométrique. » Il dit au contraire que le fait ne se manifeste pas, puisqu’il cherche quels sont les obstacles qui s’y opposent, et il ne donne cette progression que comme formule de la puissance organique de multiplication.

Recherchant en combien de temps une population donnée pourrait doubler, dans la supposition que la satisfaction de tous les besoins ne rencontrât jamais d’obstacles, il a fixé cette période à vingt-cinq ans. Il l’a fixée ainsi, parce que l’observation directe la lui avait révélée chez le peuple qui, bien qu’infiniment loin de son hypothèse, s’en rapproche le plus, — chez le peuple américain. Une fois cette période trouvée, et comme il s’agit toujours de la puissance virtuelle de propagation, il a dit que la population tendait à augmenter dans une progression géométrique.

On le nie. Mais, en vérité, c’est nier l’évidence. — On peut bien dire que la période de doublement ne serait pas partout de vingt-cinq ans ; qu’elle serait de 30, de 40, de 50 ; qu’elle varierait suivant les races. Tout cela est plus ou moins discutable ; mais, à coup sûr, on ne peut pas dire que, dans l’hypothèse, la progression ne serait pas géométrique. Si, en effet, cent couples en produisent deux cents pendant une période donnée, pourquoi deux cents n’en produiront-ils pas quatre cents dans un temps égal ?

— Parce que, dit-on, la multiplication sera contenue.

— C’est justement ce que dit Malthus.

Mais par quoi sera-t-elle contenue ?

Malthus assigne deux obstacles généraux à la multiplication indéfinie des hommes : il les appelle l’obstacle préventif et l’obstacle répressif.

La population ne pouvant être contenue au-dessous de sa tendance physiologique que par défaut de naissances ou