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c’est un malheur ; l’impôt est perdu ; c’était aux contribuables à y veiller. En ce cas, il n’y a pas pour la terre accroissement de valeur, et certes la faute n’en est pas au propriétaire.

Mais les produits du sol qui a ainsi augmenté de valeur, et par l’action gouvernementale, et par l’industrie particulière, — ces produits sont-ils payés plus cher par les acheteurs de la ville ? en d’autres termes, l’intérêt de ces cent francs vient-il grever chaque hectolitre de froment qui sortira du champ ? Si on le payait 15 fr., le payera-t-on désormais 15 fr. plus une fraction ? — C’est là une question des plus intéressantes, puisque la justice et l’harmonie universelle des intérêts en dépendent.

Or je réponds hardiment : non.

Sans doute, le propriétaire recouvrera désormais 5 fr. de plus (je suppose le taux du profit à 5 p. 100) ; mais il ne les recouvrera aux dépens de personne. Bien au contraire, l’acheteur, de son côté, fera un bénéfice plus grand encore.

En effet, le champ que nous avons pris pour exemple était autrefois éloigné des débouchés, on lui faisait peu produire ; à cause des difficultés du transport, les produits parvenus sur le marché se vendaient cher. — Aujourd’hui la production est activée, le transport économique ; une plus grande quantité de froment arrive sur le marché, y arrive à moins de frais et s’y vend à meilleur compte. Tout en laissant au propriétaire un profit total de 5 fr., l’acheteur peut faire un bénéfice encore plus fort.

En un mot, une économie de forces a été réalisée. — Au profit de qui ? au profit des deux parties contractantes. — Quelle est la loi du partage de ce gain sur la nature ? La loi que nous avons souvent citée à propos des capitaux, puisque cette augmentation de valeur est un capital.

Quand le capital augmente, la part du propriétaire ou capitaliste — augmente en valeur absolue, — diminue en