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des consommateurs, ou la communauté, continue à être usufruitière, à titre gratuit, de la force productive du sol, et des agents naturels ; si les détenteurs de la terre sont propriétaires d’autre chose que de sa valeur, c’est-à-dire de leurs loyaux services appréciés selon les lois de la concurrence ; et s’ils ne sont pas forcés, comme tout le monde, quand ils se font rémunérer pour ces services, de donner par-dessus le marché les dons de Dieu.

Voici donc tout le territoire de l’Arkansas aliéné par le gouvernement, divisé en héritages privés et soumis à la culture. Jonathan, lorsqu’il met en vente son blé ou même sa terre, se prévaut-il de la puissance productive du sol, et veut-il la faire entrer pour quelque chose dans la valeur ? On ne peut plus, comme dans le cas précédent, l’arrêter par cette réponse accablante : « Il y a des terres en friche autour de la vôtre. »

Ce nouvel état de choses implique que la population s’est accrue. Elle se divise en deux classes : 1° celle qui apporte à la communauté les services agricoles ; 2° celle qui y apporte des services industriels, intellectuels ou autres.

Or je dis ceci qui me semble évident. Les travailleurs (autres que les propriétaires fonciers) qui veulent se procurer du blé, étant parfaitement libres de s’adresser à Jonathan ou à ses voisins, ou aux propriétaires des États limitrophes, pouvant même aller défricher les terres incultes hors des frontières de l’Arkansas, il est absolument impossible à Jonathan de leur imposer une loi injuste. Le seul fait qu’il existe des terres sans valeur quelque part oppose au privilége un obstacle invincible, et nous nous retrouvons dans l’hypothèse précédente. Les services agricoles subissent la loi de l’universelle compétition, et il est radicalement impossible de les faire accepter pour plus qu’ils ne valent. J’ajoute qu’ils ne valent pas plus (cœteris paribus) que les services de toute autre nature. De même que le