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VII

CAPITAL


Les lois économiques agissent sur le même principe, qu’il s’agisse d’une nombreuse agglomération d’hommes, de deux individus, ou même d’un seul, condamné par les circonstances à vivre dans l’isolement.

L’individu, s’il pouvait vivre quelque temps isolé, serait à la fois capitaliste, entrepreneur, ouvrier, producteur et consommateur. Toute l’évolution économique s’accomplirait en lui. En observant chacun des éléments qui la composent : le besoin, l’effort, la satisfaction, l’utilité gratuite et l’utilité onéreuse, il se ferait une idée du mécanisme tout entier, quoique réduit à sa plus grande simplicité.

Or s’il y a quelque chose d’évident au monde, c’est qu’il ne pourrait jamais confondre ce qui est gratuit avec ce qui exige des efforts. Cela implique contradiction dans les termes. Il saurait bien quand une matière ou une force lui sont fournies par la nature, sans la coopération de son travail, alors même qu’elles s’y mêlent pour le rendre plus fructueux.

L’individu isolé ne songerait jamais à demander une chose à son travail tant qu’il pourrait la recueillir directement de la nature. Il n’irait pas chercher de l’eau à une lieue, s’il avait une source près de sa hutte. Par le même motif, chaque fois que son travail aurait à intervenir, il