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« C’est une grande source de richesses que de bâtir, parce que cela fournit des revenus aux propriétaires qui vendent des matériaux, aux ouvriers, et à diverses classes d’artisans et d’artistes. Melon cite le chevalier Petty, qui regarde comme profit de la nation le travail pour le rétablissement des édifices de Londres, après le fameux incendie qui consuma les deux tiers de la ville, et il l’apprécie (ce profit !) à un million sterling par an (valeur de 1866), pendant quatre années, sans que cela ait altéré en rien les autres commerces. Sans regarder, ajoute M. de Saint-Chamans comme bien assurée l’évaluation de ce profit à une somme fixe, il est certain du moins que cet événement n’a pas eu une influence fâcheuse sur la richesse anglaise à cette époque… Le résultat du chevalier Petty n’est pas impossible, puisque la nécessité de rebâtir Londres a dû créer une immense quantité de nouveaux revenus » (page 63).

Les économistes qui partent de ce point : La Richesse, c’est la Valeur, arriveraient infailliblement aux mêmes conclusions, s’ils étaient logiques ; mais ils ne le sont pas, parce que sur le chemin de l’absurdité, on s’arrête toujours, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon qu’on a l’esprit plus ou moins juste. M. de Saint-Chamans lui-même semble avoir reculé enfin quelque peu devant les conséquences de son principe, quand elles le conduisent jusqu’à l’éloge de l’incendie. On voit qu’il hésite et se contente d’un éloge négatif. Logiquement il devait aller jusqu’au bout, et dire ouvertement ce qu’il donne fort clairement à entendre.

De tous les économistes, celui qui a succombé de la manière la plus affligeante à la difficulté dont il est ici question, c’est certainement M. Sismondi. Comme M. de Saint-Chamans, il a pris pour point de départ cette idée que la valeur était l’élément de la richesse ; comme lui, il a bâti sur cette