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ABONDANCE[1].




C’est une vaste et noble science, en tant qu’exposition, que l’économie politique. Elle scrute les ressorts du mécanisme social et les fonctions de chacun des organes qui constituent ces corps vivants et merveilleux, qu’on nomme des sociétés humaines. Elle étudie les lois générales selon lesquelles le genre humain est appelé à croître en nombre, en richesse, en intelligence, en moralité. Et néanmoins, reconnaissant un libre arbitre social comme un libre arbitre personnel, elle dit comment les lois providentielles peuvent être méconnues ou violées ; quelle responsabilité terrible naît de ces expérimentations fatales, et comment la civilisation peut se trouver ainsi arrêtée, retardée, refoulée et pour longtemps étouffée.

Qui le croirait ? Cette science si vaste et si élevée, comme exposition, en est presque réduite, en tant que controverse, et dans sa partie polémique, à l’ingrate tâche de démontrer cette proposition, qui semble puérile à force d’être claire : « L’abondance vaut mieux que la disette. »

Car, qu’on y regarde de près, et l’on se convaincra que la plupart des objections et des doutes qu’on oppose à l’éco-

  1. Article destiné au Dictionnaire de l’Économie politique. Il fut écrit peu de jours avant le départ de l’auteur pour l’Italie, — d’où il ne devait pas revenir !… (Note de l’éditeur.)