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ici, en invoquant le témoignage de la presse provinciale d’Angleterre, que l’opinion publique, un moment incertaine, a fini par sanctionner la conduite des free-traders. On comprend qu’au delà, comme en deçà du détroit, les journaux de la capitale doivent être beaucoup plus engagés dans les manœuvres des partis. Aussi vit-on le Morning-Chronicle, qui d’ordinaire soutient la Ligue, s’élever avec indignation contre M. Cobden et ses adhérents. D’après ce journal, les free-traders auraient dû considérer « qu’il ne s’agissait plus d’un droit sur le sucre un peu plus ou un peu moins élevé, mais de choisir entre sir Robert Peel et son échelle mobile d’un côté et lord John Russell et le droit fixe de l’autre, — et qui sait ? peut-être entre sir Robert Peel et lord Spencer avec l’abolition totale. »

Il est consolant, pour les personnes qui se préoccupent de l’avenir constitutionnel des nations, de voir avec quel ensemble la presse impartiale, la presse de province, a repoussé cette manière de poser la question. Sur cent journaux, quatre-vingt-dix ont approuvé la Ligue, parmi lesquels ceux-ci : Liverpool-Mercury, Leeds-Mercury, Norihern-Whig, Oxford-Chronicle, Manchester-Times, Sunderland-Herald, Kent-Herald , Edimburg-Weckly-Chronicle, Carliste-Journal, Bristol-Mercury, Sussex-Advertiser, etc. D’autres blâmèrent, dans le premier moment, et ne tardèrent pas à se rétracter. « Après mûr examen, dit le Stirling-Observer, nous nous voyons obligé de modifier profondément, sinon de retirer complètement nos premières remarques ; et nous avouons avec franchise que les chefs de la Ligue ont voté d’après une connaissance des faits et des circonstances, que nous ne possédons nous-mêmes que depuis peu de jours. »

Combien il serait à désirer que la presse départementale sût se soustraire, en France, au despotisme de la presse parisienne ; et quel immense service rendraient les journaux de