Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/159

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allons lui donner. Ah ! nous n’avons que trop disséminé sur le globe des leçons de folie et d’injustice ! Le temps n’est-il pas venu où il est de notre devoir de donner des leçons de vertu et de sagesse ? — Et cette cité, — cette cité qui dans ces temps reculés échappait aux regards de la renommée ; cette cité qui surpasse par le nombre des habitants plusieurs des nations et royaumes qui se sont fait un nom dans l’histoire, — ne voudra-t-elle pas aussi se montrer digne de sa destinée? (Applaudissements.) Non, elle ne restera pas en arrière. (Nouveaux applaudissements.) Des réunions comme celle-ci ne laissent aucune incertitude, et répondent éloquemment à ceux qui disent que la Ligue travaille en vain, qu’elle se lassera de son œuvre, et que le monopole peut dormir en paix à l’ombre du mancenillier qu’il a planté sur le sol de la patrie. Oh ! qu’il ne compte pas sur un tel avenir ! Si l’effort que nous faisons maintenant, pour affranchir le commerce, le travail et l’échange, ne suffit pas, nous en ferons un plus grand (acclamations), et puis un plus grand encore. (Tonnerre d’applaudissements.) Nous creuserons de plus en plus la mine sous le temple du monopole ; nous y amoncellerons de plus en plus les matières explosibles, jusqu’à ce que le Parlement en approche l’étincelle fatale, et que l’orgueilleux édifice vole en éclats dans les airs. Alors de libres relations existeront entre toutes les nations de la terre, et ce sera la gloire de l’Angleterre d’avoir ouvert la noble voie. S’il fallait des exemples pour prouver les fatales conséquences du monopole, l’histoire nous en fournirait de toutes parts. Considérez les plus belles portions du globe. Voyez l’Espagne. Vous avez entendu parler de ses fleuves, qui, selon les poètes, roulent des sables d’or ; vous avez entendu parler de ses riches vallées, de ses huiles, de ses vins et de ses troupeaux ; vous avez entendu raconter ses gloires navales et militaires, alors que ses grands hommes, marchant de conquêtes en conquêtes, ajoutaient des mondes entiers aux domaines de ses souverains. L’Espagne ne manifesta pas moins sa supériorité intellectuelle par la voix de ses poètes, de ses fabulistes et de ses romanciers. Et maintenant qu’est-elle devenue ? Vainement elle a subjugué un monde, planté ses bannières au nord et au sud des continents américains, acquis des îles innombra-