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de plus en plus sur la propriété, l’aristocratie reconnaîtra que l’honnêteté eût été une meilleure politique. (Écoutez ! écoutez !) Voulez-vous le maintien des lois-céréales ? (Non, non !) Eh bien ! j’en appelle à tout homme qui s’intéresse à l’amélioration du sort du peuple, au progrès de son éducation intellectuelle et morale, à la prospérité de l’industrie et du commerce, rallions-nous à la Ligue ! unissons nos efforts pour effacer de nos codes ces lois iniques et détestables. (Applaudissements prolongés.)


M. Milner Gibson se lève, et après quelques considérations il continue en ces termes :


Je ne puis jeter les yeux sur cette nombreuse et brillante assemblée, sans me sentir assuré que nous agitons ici une question nationale. On a parlé de meetings réunis par surprise ; mais tant d’hommes distingués ne sauraient se réunir que pour une cause qui préoccupe à un haut degré l’esprit public. (Assentiment.) Certes, s’il s’agissait de discourir sur le fléau de l’abondance, sur les charmes de la disette, sur les bienfaits des restrictions industrielles et commerciales, une plus étroite enceinte suffirait[1]. (Rires.) Un autre trait caractéristique de ces assemblées, et dont je dois vous féliciter, c’est d’être sanctionnées et embellies par la plus gracieuse portion de la communauté. Comment expliquer la présence du beau sexe dans cette enceinte ? Il n’est pas disposé d’ordinaire à s’intéresser à de pures questions d’argent, et à d’arides problèmes d’économie politique. Pour avoir mérité son attention, il faut bien que notre cause renferme une question de philanthropie, une question qui touche aux intérêts de l’humanité, à la condition morale et physique du plus grand nombre de nos frères ! et si les dames viennent applaudir aux efforts de la Ligue, c’est qu’elles entendent soutenir ce grand principe évangélique, ce dogme de la fraternité humaine que peuvent seuls réaliser l’affranchissement

  1. Allusion aux meetings des prohibitionnistes qui se tiennent dans le salon d’une maison particulière de Bond-Street.