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convertir le service divin en diffamation et le sanctuaire en une scène de scandale[1]. — La parole sera d’abord à M. Joseph Hume, cet ami éprouvé du peuple. Vous entendrez ensuite MM. Brotherton et Gibson. Nous comptions aussi sur la coopération de M. Bright, mais il est allé samedi à Nottingham et à Durham pour prendre part, dans l’intérêt de la liberté du commerce, aux luttes électorales de ces bourgs. »

M. Hume se lève au bruit d’acclamations prolongées. Lorsque le silence est rétabli, il s’exprime en ces termes :


Je suis venu à ce meeting pour écouter et non pour parler ; mais le comité a fait un appel à mon zèle, et ne pouvant comme d’autres alléguer le prétexte de l’inhabitude[2] (rires), j’ai dû m’exécuter malgré mon insuffisance. C’est avec plaisir que j’obéis, car je me rappelle un temps, qui n’est pas très-éloigné, où les opinions aujourd’hui généralement adoptées, non-seulement au sein de la communauté, mais encore parmi les ministres de la couronne, étaient par eux vivement controversées. Mais ces hommes, autrefois si opposés à la liberté du commerce, reconnaissent enfin la vérité des doctrines de la Ligue, et c’est avec une vive satisfaction que j’ai récemment entendu tomber de la bouche même de ceux qui furent nos plus chauds adversaires, cette déclaration : « Le principe du libre-échange est le principe du sens commun[3]. » (Acclamations.) Je me présente à ce meeting sous des auspices bien différents de ceux qui auraient pu m’y

  1. J’ai conservé ces détails comme peinture de mœurs et aussi pour faire connaître la chaleur de la lutte et l’esprit des diverses classes qui y prennent part.
  2. On sait qu’au Parlement M. Hume est toujours sur la brèche. Il laisse rarement passer un article du budget des dépenses sans demander une économie.
  3. Ce mot est de sir James Graham, ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur.