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fâchés d’être affranchis par une concentration des forces de notre association contre un des monopoles les plus décriés.

Il vaut donc la peine de répondre.

Que nous conseille-t-on ?

Selon la chambre de commerce du Havre, nous eussions dû attaquer corps à corps la seule industrie des producteurs de fer.

Eh bien, plaçons-nous dans cette hypothèse. Nous voilà associés dans un but spécial ; nous voilà essayant de démontrer aux consommateurs de fer qu’il serait de leur avantage d’avoir du fer à bon marché.

Nul ne contesterait cela, et les consommateurs de fer moins que personne. Ils font souvent des pétitions dans ce but ; mais les chambres, dominées par les intérêts coalisés, passent à l’ordre du jour motivé sur la nécessité de protéger le travail national ; à quoi le gouvernement ne manque jamais d’ajouter que le travail national doit être protégé.

Nous voilà, dès le début, amenés à discuter cette théorie du travail national ; à prouver qu’il ne peut jamais être compromis par l’échange, parce que celui-ci implique autant d’exportations que d’importations. Nous voilà alarmant, par notre argumentation contre le monopole des fers, tous les monopoles qui vivent du même sophisme. Nos honorables conseillers voudraient-ils bien nous enseigner les moyens d’éviter cet écueil ?

Est-ce qu’on peut tromper ainsi la sagacité de l’égoïsme ? Est-ce que les privilégiés n’étaient pas coalisés longtemps avant notre association ? Est-ce qu’ils n’étaient pas bien convenus entre eux de se soutenir mutuellement, de ne pas permettre qu’on touchât une pierre de l’édifice, de ne se laisser entamer par aucun côté ? Est-ce que d’ailleurs le système tout entier, aussi bien que chacune de ses parties, n’a pas sa base dans une opinion publique égarée ? N’est-ce pas là qu’il faut l’attaquer, et peut-on l’attaquer là autre-