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domination par le travail, article resté sans réponse[1]. Il était pourtant naturel que le Moniteur daignât s’en occuper, puisque cet article était la solution d’une objection posée par nous-même dans le numéro précédent. Le Moniteur industriel a préféré reproduire l’objection et passer la réponse sous silence.

Le Moniteur met en fait que nous demandons la liberté pour le compte et dans l’intérêt de l’Angleterre. Ce n’est plus une insinuation, une conjecture, c’est une chose convenue et notoire : L’Angleterre, dit-il, nous prêche et nous fait prêcher la réciprocité des franchises commerciales ; l’Angleterre prêche à la France les doctrines d’une liberté qu’elle est loin d’adopter pour elle-même. L’Association du libre-échange est en France l’instrument le plus actif de la propagande britannique, etc., etc.

Est-il nécessaire d’insister sur ce que cette forme de discussion a d’odieux, nous dirons même de criminel ? Les champions du monopole connaissent l’histoire de notre révolution. Ils savent que c’est avec des imputations de ce genre que les partis se sont décimés, et sans doute ils espèrent nous imposer silence en faisant planer une nouvelle terreur sur nos têtes. Cela ne serait-il pas bien habile et bien commode de nous rançonner, et, à notre première plainte, bien plus, à notre premier effort pour obtenir qu’on discute nos droits, de tourner contre nous toutes les fureurs populaires, si l’on réussissait à les exciter, en disant : « Otez-lui la faculté de parler ; c’est un agent de Pitt et de Cobourg ? » — Faut-il dire toute notre pensée ? Cette tactique, empruntée aux mauvais jours de 93, est plus méprisable aujourd’hui ; et si elle n’est pas aussi dangereuse, rendons-en grâce au bon sens public et non pas aux monopoleurs. Nous

  1. V. au tome IV, le chap. xvii de la seconde série des Sophismes, p. 265. (Note de l’éditeur.)