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de relations très-profitables… Pour s’assurer ces relations fécondes, l’Allemagne était placée dans une position unique ; elle avait le bonheur de ne posséder aucune colonie ; par conséquent, elle échappait à la nécessité de créer des monopoles. Elle était libre d’ouvrir son marché à tous les pays de vaste production sucrière, au Brésil, aux colonies espagnoles, aux Indes, à la Chine ; et Dieu sait la masse énorme de produits qu’elle aurait exportés comme contre-valeur de ces sucres exotiques, que ces populations auraient pu consommer à des prix fabuleusement bas. Cette magnifique chance, elle l’a perdue le jour où elle s’est mis en tête de faire sur son propre sol du sucre de betterave. »

Y a-t-il dans ce passage un argument, un mot qui ne se retourne contre toutes les restrictions imaginables qui ont pour but de protéger le travail, de provoquer la création de nouvelles industries ; restrictions dont le but général de l’article est de favoriser sur le continent l’influence contagieuse ?

Je suppose qu’il s’agisse de l’industrie métallurgique en France.

Vous dites : « L’Allemagne a commis une grande faute de laisser prendre un développement si marqué, chez elle, au sucre de betterave. »

Et moi, je dis : « La France a commis une grande faute de laisser prendre un développement si marqué, chez elle, à la production du fer. »

Vous dites : « Si l’Allemagne n’avait pas cédé à la tentation de fabriquer elle-même son sucre, elle aurait pu établir, avec le continent américain et une partie de l’Asie, des relations très-profitables. »

Et moi, je dis : « Si la France n’avait pas cédé à la tentation de fabriquer elle-même son fer, elle aurait pu établir, avec l’Espagne, l’Angleterre, la Belgique, la Suède, des relations très-profitables. »